Origines, formation Marcus Tullius Cicero, dit Cicéron, naît à Arpinum, dans le Latium, à une centaine de kilomètres à l’est de Rome, en 106 av. 65 av.J-C: ils ont eu Marcus. Dans cette dernière partie, l'énoncé des qualités nécessaires en quatre points est un procédé d'énumération classique en rhétorique[80]. Cicéron la reprend contre Marc Antoine, qu’il rend responsable de la guerre civile[85] : Cicéron amplifie l'argument initial avec une répétition (arbres et plantes), un superlatif (luctuosissimi) dérivé du pathétique luctus (douleur, deuil), et module avec sa finale habituelle en ditrochée (tū fŭīstĭ, : une longue, une brève, une longue, une brève)[85]. J.-C. À Athènes où il se lie d’amitié avec son compatriote Atticus, il suit l’enseignement d’Antiochos d'Ascalon, académicien comme Philon de Larissa mais plus dogmatique[10], des épicuriens Zénon de Sidon et Phèdre, du savant stoïcien Posidonius d'Apamée. La version de l'événement que donne Plutarque combine habilement ces deux visions : « À ce moment, survinrent les meurtriers ; c'étaient le centurion Herennius et le tribun militaire Popilius que Cicéron avait autrefois défendu dans une accusation de parricide. Enfin, si vous voulez tout savoir, la plus aimable humeur du monde. Il rédige un panégyrique de Caton, qu’il qualifie de « dernier républicain », petite manifestation d’indépendance d’esprit à laquelle César répond en publiant un Anticaton, recueil de ce que l’on peut reprocher à Caton[A 32]. ; 22 Selon Deniaux 1993, p. 519, les liens entre Cicéron et Lucceius restent essentiellement formels. Littérature latine. Il lève des troupes et nomme légat son frère, qui a acquis l'expérience de l'action militaire lors de la guerre des Gaules[A 26]. Si l’influence de Cicéron est patente sur l’art oratoire romain, son ambition d’implanter la philosophie dans la langue latine n’est pas couronnée d’autant de succès : le grec reste le mode d’expression privilégiée de la philosophie, même pour un Romain comme Marc Aurèle, et des doxographes comme Sextus Empiricus ou Diogène Laërce ne font aucune mention de Cicéron[144]. Le lendemain, au Sénat, il prononce un discours de remerciement (le Post Reditum in Senatu) dans le but de récupérer toute son influence politique. Pompée lui fait rappeler la protection qu'il lui doit. J.-C. avec une certaine méfiance incarnée par l'anti-hellénisme de Caton l'Ancien, tandis que des aristocrates comme les Scipions manifestent leur intérêt : les sénateurs ne veulent pas que le peuple et la jeunesse s’adonnent à des études qui absorbent toute l’activité intellectuelle, font rechercher le loisir, et produisent l'indifférence pour les choses de la vie réelle ; ainsi en 173 av. Cicéron au travers de dialogues fictifs va exposer la position de chaque doctrine, puis la critique de cette doctrine afin que le lecteur puisse se forger sa propre opinion. Au début de 56 av. La correspondance de Cicéron fut abondante tout au long de sa vie. Son frère Quintus et son neveu sont exécutés peu après dans leur ville natale d'Arpinum. Je conserve ce qui a été dit par ceux dont je fais le choix et j'y applique ma façon de penser ainsi que mon tour de style[A 54] ». Cicéron rédige sur ce sujet de nombreux ouvrages, didactiques ou théoriques, et même historique. Un road-movie ! Son cognomen, Cicero, peut être traduit par « pois chiche, verrue ». Il l'insère dans une vision plus vaste, développe une théorie de l'éloquence, et répond ainsi à la critique de Platon qui n'y voit qu'un exercice qui se réduirait à un art du faux-semblant[91]. Cette palinodie embarrassante, selon les termes de Cicéron[A 24] est suivie d'une autre lorsqu'il doit plaider pour la défense de Vatinius[33]. Catilina, ayant de nouveau échoué aux élections consulaires en octobre 63 av. Il consacre sa période d’inactivité politique à la rédaction d’ouvrages sur la rhétorique et à l’adaptation en latin des théories philosophiques grecques. Au début simple provincial, homme nouveau, dépourvu des moyens et du crédit des puissants, il est contraint, même en 63, à la prudence et à l'habileté, mais il essaie, chaque fois que c'est possible, de promouvoir une politique très nouvelle à Rome, cette union de tous les bons citoyens, et surtout, après les ides de mars, il s'engage avec détermination et courage contre Antoine, payant finalement de sa vie la défense de la République[170]. J.-C. Orateur remarquable, il publie une abondante production considérée comme un modèle de l’expression latine classique, et dont une grande partie nous est parvenue. Cicéron plaisanta à plusieurs reprises sur les ascendances fictives plus prestigieuses qu'on lui prête comme Servius Tullius ou Manius Tullius Longus[A 3],[2]. La langue de Cicéron est alors le modèle incontesté du latin classique[161]. J.-C., la maîtrise du discours devient une nécessité pour les hommes politiques qui se font concurrence, lors des procès qui se multiplient, dans les débats au Sénat, et les prises de parole pour séduire une opinion publique de plus en plus présente[75]. La présentation brute des faits historiques n'est qu'un travail de narrateur, le véritable historien doit leur apporter l'exornatio, embellissement littéraire et philosophique[87]. J.-C., Cicéron développe une nouvelle théorie fondamentale pour l'esthétique latine, sur les trois niveaux de style que doit maîtriser l'orateur idéal, les styles simple, médian ou élevé, à appliquer selon l'importance du sujet du discours et l'objectif de l'orateur, informer, plaire ou ébranler l’auditoire[70]. Ayant récupéré ces preuves matérielles indiscutables, Cicéron confond publiquement cinq conjurés (troisième Catilinaire, du 3 décembre), dont l’ancien consul et préteur Publius Cornelius Lentulus Sura. Catilina se radicalise de plus en plus et souhaite lever des troupes, mais il est démasqué. Retrouvez toutes les phrases célèbres de Cicéron parmi une sélection de + de 100 000 citations célèbres provenant d'ouvrages, d'interviews ou de discours. Cicéron et Catilina Il était couvert de poussière, avait les cheveux en désordre et le visage contracté par l'angoisse. En revanche, certains discours sont des services imposés par les triumvirs, comme la défense de Publius Vatinius, auparavant vilipendé par Cicéron dans le In Vatinium, ou celle d'Aulus Gabinius responsable de son exil en -58. Philon a la particularité de combiner la philosophie et la rhétorique grecque, spécialités habituellement professées par des maîtres différents, et pratique comme Carnéade avant lui la discussion selon les points de vue opposés pour approcher la vérité. Il reprend la théorie que Cicéron formule dans l'Orateur en faveur de la maîtrise des trois styles, simple, moyen et élevé, pour les trois missions de l'orateur : enseigner, réjouir, émouvoir (docere, delectare, movere). 349. Les travaux des philologues allemands comme Rudolf Hirzel[175] ont fait longtemps autorité dans cette approche, dite du Quellenvorschung (« Recherche des sources »). J.-C., le De inventione, sur la composition de l’argumentation en rhétorique, dont deux des quatre livres qui le composent nous sont parvenus. Bibliographie de Cicéron Angledroit (19) Voir plus. En janvier -43, Antoine et Dolabella sont remplacés au consulat par Hirtius et Pansa, que César avait nommés d'avance et qui sont d'anciens élèves de rhétorique de Cicéron. Alors qu'à Rome certains parlent de diviniser le défunt Jules César, il y est question de l’évhémérisme, concept grec de divinisation des grands hommes par leurs compatriotes. Après le décès prématuré de son gendre en 57, il scelle une nouvelle alliance par le remariage de sa fille avec un membre de la puissante branche des Dolabella de l'illustre gens patricienne des Cornelii[note 3]. Nous pouvons ainsi suivre mois après mois depuis novembre -68, date de la première lettre conservée, son évolution politique et philosophique, ses relations personnelles et ses projets rédactionnels[72]. On retrouve là l'argumentaire sur la mort que Cicéron exprimait déjà dans l’Hortensius[A 66], le Songe de Scipion et les Tusculanes (I, 26)[127]. Le succès de ces livres est tel que l’épicurisme se répand rapidement dans les couches éduquées de l'Italie latine. Le culte de la mort honorable et héroïque est très fort dans la Rome antique et tout homme sait qu'il est aussi jugé sur son attitude, ses poses ou ses propos lors de ses derniers moments. […] Suivant l'ordre d'Antoine, on lui coupa la tête et les mains, ces mains avec lesquelles il avait écrit les Philippiques[A 38]. Dans la philosophie antique, la logique, relative à la raison et à l’argumentation, est la voie qui permet de distinguer le vrai du faux, de reconnaître la cohérence et le contradictoire. Mais il déchante bientôt quand il ne constate aucun retour du pouvoir sénatorial[42]. « P. Clodius a quitté une crocota (robe safran), un mitra (turban), des sandales de femme, des bandelettes de pourpre, un strophium (soutien-gorge), un psaltérion, la turpitude, le scandale, pour devenir soudain ami du peuple[A 44] ». Plus tard dans sa carrière politique, Cicéron met en pratique cette approche, argumente devant le Sénat sur ce qui est utile et moral, tandis qu'il développe davantage l'utile dans ses discours au peuple[66]. Son frère sollicite Pompée, qui s'est brouillé avec Clodius, tandis que Publius Sestius obtient la neutralité de César. On continue de se référer aux textes de Cicéron au Bas Empire : au IVe siècle, le grammairien Nonius y puise de nombreux exemples[note 15],[145], tandis que Lactance copie dans les Institutions Divines des passages entiers pour argumenter contre la religion traditionnelle et les mœurs antiques, et Marius Victorinus commente le De inventione. C'est grâce à Pompée qu'il sera réhabilité. Malgré la raréfaction des exemplaires, la pensée de Cicéron reste une référence. J.-C., proposé à Pompée d'être son conseiller politique[A 62], proposition que ce dernier avait rejetée avec un orgueil offusqué[114]. Ces lettres sont regroupées par destinataires, son ami Atticus, ses interlocuteurs officiels et ses clients, son frère Quintus et son ami Brutus. J.-C., Cicéron fuit Rome comme la plupart des sénateurs, et se réfugie dans une de ses maisons de campagne. On sait pour plusieurs discours, comme le Pro Milone, que Cicéron a remis en forme et publié son texte après le procès. Un nouvel élan est donné quand les humanistes de la Renaissance se mettent en quête dans les abbayes de manuscrits contenant des textes antiques. Sur cet aspect concernant les Tulli, voir chapitre 1 (p.23-37) de Grimal 1986, en particulier p.26-29. Cicéron fait malgré tout publier l’ensemble des discours qu’il a prévus (les Verrines), afin d’établir sa réputation d’avocat engagé contre la corruption[17]. Ces lettres, envoyées pendant l’exil (58 av. En décembre 45 av. Quamquam mihi semper frequens conspectus vester multo iucundissimus, hic autem locus ad agend(um) amplissimus, « Car celui qui a semé la semence, celui-là est aussi responsable des plantes. Par exemple, un recueil de traités philosophiques groupant les De Natura deorum, De divinatione, De fato, De Legibus, Timée, Topica, Paradoxa, Lucullus est connu par sept manuscrits datés entre les IXe et XIe siècle, qui d'après leurs importantes lacunes communes sont tous issus d'un unique manuscrit inconnu, antérieur au IXe siècle et déjà mutilé par la perte de plusieurs feuillets et la permutation de cahiers de 4 pages[151]. En -46, il rédige une brève histoire de l’éloquence avec son Brutus sive dialogus de claris oratoribus, une première pour la rhétorique latine et un document précieux pour la connaissance des auteurs romains. En effet, toute action réfléchie exige de distinguer entre ce qu’il convient de faire et ce qu’il convient de ne pas faire, donc chercher des certitudes sur lesquelles appuyer son choix[119]. Tous soutiennent le civisme de la tradition romaine et s'opposent en bloc à l'épicurisme, qui prône le plaisir, le repli sur la vie privée, dans le cercle restreint des amis[97]. Selon le témoignage de Tiron après la mort de Cicéron, celui-ci, gestionnaire en fideicommis des biens de Publilia, l'aurait épousée pour éviter de lui restituer ces biens si elle convolait avec un tiers[45]. Il a participé aux Mystères d'Eleusis[13]. Le Sénat peut dès lors trancher en octobre, malgré les manœuvres dilatoires de Clodius. Pour protéger l'approvisionnement de Rome et sécuriser son port Ostie des menaces des pirates, Cicéron lance les travaux de réfection des murailles et des portes d'Ostie, qui seront achevés par Clodius Pulcher en 58 av. Après l'avoir prononcé, et s'il décidait de le publier, Cicéron le mettait par écrit de mémoire à partir de son plan[64]. Fin décembre -44, Cicéron prononce devant le Sénat la troisième Philippique, puis la quatrième devant le peuple, tandis qu'il encourage les gouverneurs des Gaules Plancus et Decimus Brutus à résister à la mainmise d'Antoine sur leurs provinces. Dès son deuxième discours, celui-ci s'intitulant Pro Roscio Amerino, en 80 avant J-C, il connait le succès en tant qu'orateur. J.-C., période agitée qui précède la guerre sociale puis la sanglante rivalité entre Marius et Sylla, ce qui fait volontairement écho selon Levert à la situation politiquement troublée qui prévaut à la publication de cette œuvre[68]. La répétition des superlatifs suffixés en -issimus crée un rythme sonore (homéotéleute) dans la première partie, comme les agend(um)/dicend(um), avec l'élision du um en raison de la voyelle qui suit le mot. J.-C., Carnéade, Diogène et Critolaüs, ne comprennent aucun épicurien[95]. Il adopte une nouvelle approche pour en faire une œuvre philosophique et littéraire, la première du genre à Rome. Curieusement, Plutarque omet cet épisode, passant du retour de Cicéron (XLV) à la mort de Milon (XLVI), mais cette querelle de propriété n'est pas sans conséquence. Pour chaque domaine, Cicéron présente par la bouche de ses protagonistes les doctrines des principales écoles philosophiques, leurs évolutions et leurs critiques. César le laisse réfléchir, mais Cicéron finit par rejoindre Pompée en Épire en juin 49 av. 51. Au XIIe siècle, l'intérêt renait pour les dialogues philosophiques de Cicéron, l'école de Chartres spécule sur le Commentaire au Songe de Scipion rédigé par Macrobe, et l'humaniste Jean de Salisbury perçoit des options presque chrétiennes dans le De officiis, le De amicitia et le De senectute[150]. J.-C., une crise politique aiguë oppose César à Pompée et aux conservateurs du Sénat. Enfin, le dernier traité, De officiis, se présente comme une longue lettre adressée à son fils Marcus, âgé d'une vingtaine d'années : Cicéron renonce dans cet ouvrage à l'artifice de lui prêter des répliques appropriées[111]. Pour un exposé exhaustif sur les relations de Cicéron avec son fils, voir M. Testard, Le fils de Cicéron, destinataire du De Officiis, Bulletin de l'Association Guillaume Budé, 1962, 2.