[…] Le tribun, prenant quelques hommes avec lui, se précipita […] Cicéron l'entendit arriver et ordonna à ses serviteurs de déposer là sa litière. Dans le flottement politique qui suit, Cicéron tente de se rallier le Sénat romain, et fait approuver une amnistie générale qui désarme les tensions[A 36] tandis que Marc Antoine, consul et exécuteur testamentaire de César, reprend le pouvoir un instant vacillant. Retour sur le parcours d'un politicien hors du commun. Si César n’est pas le modèle de dirigeant éclairé que Cicéron théorisait dans son De Republica, il n’est pas non plus le tyran sanguinaire qu’on avait craint ; de toute façon, il est désormais maître absolu de Rome. Ce récit, dans lequel Platon comme Cicéron ne voient probablement qu'un mythe, est sa seule incursion dans la partie de la physique antique consacrée à l'histoire du Monde et sa structure[131]. Après le coup d’éclat de l’affaire Catilina, la carrière politique de Cicéron se poursuit en demi-teinte, en retrait d’une vie politique dominée par les ambitieux et les démagogues. Puis à partir de juin 45, il change de formule et déclare suivre la tradition d’Aristote[A 58] : le ou les participants ne sont plus des interlocuteurs actifs, lui-même se place en acteur principal, et il s’exprime comme un maître à son disciple[110], dans les Tusculanes avec un jeune homme non désigné, puis dans le De fato avec Hirtius comme simple auditeur. […] Suivant l'ordre d'Antoine, on lui coupa la tête et les mains, ces mains avec lesquelles il avait écrit les Philippiques[A 38]. Cicéron (en latin Marcus Tullius Cicero), né le 3 janvier 106 av. Les informations recueillies sont destinées à CCM Benchmark Group pour vous assurer l'envoi de votre newsletter. Aux éditions Les Belles Lettres. À Rome, ses amis tentent d'organiser un vote annulant la loi de Clodius. Au plus simple, Cicéron reprend directement le grec ancien, par exemple ἀήρ, aêr, qui devient le latin aer (l’air, un des quatre éléments, mot également tiré du grec elementa). Il avait déjà en 56 av. Enfin, il accorde une grande attention à la sonorité de ses phrases, et veille au « nombre oratoire », emploi de mesures enchaînant les syllabes longues et brèves du latin classique, pour un effet identique aux pieds de la poésie[78]. En revanche, certains discours sont des services imposés par les triumvirs, comme la défense de Publius Vatinius, auparavant vilipendé par Cicéron dans le In Vatinium, ou celle d'Aulus Gabinius responsable de son exil en -58. Ayant récupéré ces preuves matérielles indiscutables, Cicéron confond publiquement cinq conjurés (troisième Catilinaire, du 3 décembre), dont l’ancien consul et préteur Publius Cornelius Lentulus Sura. Isolé, lâché par Pompée et l'autre consul Pison dont il était parent par alliance[note 8], Cicéron quitte Rome le 11 mars, veille du vote approuvant cette loi. Puis il parvient à faire voter par le Sénat romain un senatus consultum ultimum (procédure exceptionnelle votée lors de crises graves, et qui donne notamment à son(ses) bénéficiaire(s) le droit de lever une armée, de faire la guerre, de contenir par tous les moyens alliés et concitoyens, d'avoir au-dedans et au-dehors l'autorité suprême, militaire et civile[A 11]). Il obtient de nombreuses preuves en Sicile contre lui, ce qui lui permet d'être élu édile, puis, lors du procès, défend les Siciliens avec conviction et fait tomber Verres, malgré la défense de l'illustre orateur Hortensius. En même temps, Cicéron retrace le lent perfectionnement de la rhétorique latine, et répond aux critiques des néo-attiques[88]. Fin décembre -44, Cicéron prononce devant le Sénat la troisième Philippique, puis la quatrième devant le peuple, tandis qu'il encourage les gouverneurs des Gaules Plancus et Decimus Brutus à résister à la mainmise d'Antoine sur leurs provinces. Au grand soulagement de Cicéron, César ne recherchait qu'une soirée de détente ; la conversation est agréable et cultivée, n’abordant que des sujets littéraires : « Services magnifiques et somptueux. Vous bénéficiez d'un droit d'accès et de rectification de vos données personnelles, ainsi que celui d'en demander l'effacement dans les limites prévues par la loi. en place de relations modales comme « en tant que », « du point de vue de », « conformément à » ; ou encore le remplacement d'un concept général par une série d’exemples particuliers pour en extraire un comme représentatif[105]. « Comment draguer la catholique sur les chemins de Compostelle » de Étienne Liebig.Éditions La Musardine. Citoyen romain issu de la bourgeoisie italienne, Cicéron n’appartient pas à la noblesse, ce qui en principe ne le destine pas à un rôle politique majeur. La disparition de Cicéron et des orateurs de sa génération se traduit par le déclin de l'art oratoire de l'avis de Sénèque l'Ancien, puis de Tacite, quoique Marcus Aper estime que le goût a évolué au profit des formules brèves et brillantes ou de la précision du vocabulaire, et n'admet plus les lourdes périodes et les digressions cicéroniennes[138]. En mars, accompagnés d'Octave, Hirtius et Pansa attaquent Antoine qui assiège Decimus Brutus dans Modène. Cicéron : dates clés ... Cicéron : biographie courte d'une figure de la Rome antique, Clisthène : biographie courte, dates, citations, Crassus : biographie courte, dates, citations, Charles Martel : biographie courte, dates, citations, Thucydide : biographie courte de l'historien grec, Jules César : biographie du général romain conquérant de la Gaule, Ponce Pilate : biographie courte, dates, citations, Damoclès : biographie courte, dates, citations, Brutus : biographie courte, dates, citations, Périclès : biographie du père de la démocratie athénienne. J.-C. : il défend cette année-là le projet de loi du tribun de la plèbe Manilius, qui propose de nommer Pompée commandant en chef des opérations d’Orient, contre Mithridate VI ; son discours De lege Manilia marque ainsi une prise de distance par rapport au parti conservateur des optimates, qui sont opposés à ce projet. Au début de 56 av. À la fin de cette période de formation, tant oratoire qu’intellectuelle et philosophique, Cicéron revient à Rome et reprend son activité d'avocat, ce qui entretient sa réputation et développe ses relations[14]. J.-C., la maîtrise du discours devient une nécessité pour les hommes politiques qui se font concurrence, lors des procès qui se multiplient, dans les débats au Sénat, et les prises de parole pour séduire une opinion publique de plus en plus présente[75]. Dans le même temps, Gabinius pille la villa de Cicéron à Tusculum. En août 70, l’accusation portée par Cicéron est si vigoureuse et si bien soutenue par un imposant défilé de témoins à charge que Verrès, qui va pourtant être défendu par le plus grand orateur de l’époque, le célèbre Hortensius, s’exile à Marseille immédiatement après le premier discours (l'actio prima). Cicéron (trad. J.-C. à Arpinum en Italie et assassiné le 7 décembre 43 av. Dans une lettre à Varron du 20 avril 46 av. Il poursuit par un second traité, l'Orator ad Brutum (Sur l’Orateur), où il fait l'éloge d'un style abondant et soigné, quasi musical par son rythme, qu'il fait sien contre l'atticisme étriqué et monochrome[84]. » Quitte à s'éloigner de la vérité pour défendre un coupable : « Il appartient […] à l'avocat, parfois, de plaider le vraisemblable, même s'il n'est pas le plus vrai »[A 73]. Bibliographie. Le mariage a lieu en 63. Il avait déjà décrit ce rôle dans le De Republica, et semble exprimer son espoir de participer ainsi à la vie publique[126]. La présentation des traités philosophiques de Cicéron suit une forme inspirée des dialogues platoniciens, habituelle pour ce type d’œuvre. Cicéron publie néanmoins en 47 av. Cicéron. […] Telle a été cette journée d’hospitalité ou d’auberge si vous l’aimez mieux, cette journée qui m’effrayait tant, vous le savez, et qui n’a rien eu de fâcheux[A 34] ». Toutefois, ce sont rarement des questionnements socratiques qui enchaînent de rapides répliques[106], mais plutôt des conversations tenues dans des villas de campagne par des aristocrates romains, qui exposent à tour de rôle les théories des écoles philosophiques auxquelles ils sont censés adhérer. Cicéron entame alors le vaste projet de doter la littérature latine d’un exposé de la philosophie contemporaine, essentiellement grecque jusqu’alors, en commençant par la publication de l'Hortensius, ouvrage disparu au Moyen Âge qui vante l'utilité de l’étude de la philosophie[A 63]. Cicéron publiera néanmoins la défense prévue dans son fameux Pro Milone[35]. naquit dans le Latium, au sein d’une famille plébéienne ayant réussi à rejoindre la classe des chevaliers.Recevant une formation en droit et en philosophie, le jeune homme partit achever ses études en Grèce, après avoir fait son service militaire. J.-C., le préteur est autorisé à expulser philosophes et rhéteurs. Gérard Walter rejoint les avis de Mommsen et de Carcopino : vantant l'intelligence de l'homme mais dénonçant son cynisme et sa cupidité et le caractère fréquemment mensonger de ses écrits, il conclut que « la biographie de Cicéron est tout à refaire »[168]. Cicéron réaffirme l'utilité que peut avoir un vieillard prudent et expérimenté comme conseiller dans la gestion des affaires publiques. Sur l'instance d'un groupe de sénateurs, il gracie même l'exilé Marcellus. À son tour, le Pogge découvre en 1416 un codex contenant les commentaires d'Asconius de cinq discours de Cicéron[140]. Les Verrines et les Catilinaires sont les plus retenus parmi ses discours. Après la prise d’Athènes par Sylla en 87 av. À la fin du IIe siècle av. Origines, formation Marcus Tullius Cicero, dit Cicéron, naît à Arpinum, dans le Latium, à une centaine de kilomètres à l’est de Rome, en 106 av. J.-C., il commence à attaquer Marc-Antoine dans une série de discours de plus en plus violents, les Philippiques[note 12]. Dans sa villa de Tusculum, il fait aménager un gymnase et d'agréables promenades sur deux terrasses, lieux de détente et de discussion qu’il nomme Académie[A 15] et Lycée[A 16], évocations de l'école de Platon et de celle d’Aristote[25]. Parmi les discours de Cicéron, 88 sont connus, 58 ont été conservés, les autres sont repérés par leurs titres cités dans d'autres textes, ou par des fragments[2]. Sur l'importance stratégique des politiques matrimoniales dans les classes supérieures romaines, voir cette remarque de J. Andreau : « Dans l'élite, le choix d'un conjoint a d'ailleurs toujours des implications politiques et des implications patrimoniales ». José Kany-Turpin, préf. Bibliographie. Cicéron se montre hésitant. Fin juillet, une délégation de soldats force le Sénat à accorder le consulat à Octave, ce qu'un vote populaire ratifie le 19 août. Cicéron veut en faire un autre lui-même, mais Marcus semble davantage attiré par une carrière militaire, en particulier dans la cavalerie. Par exemple, le père de Cicéron acquiert une propriété à Rome, non pas pour lui, mais pour que ses fils aient un pied à terre en ville. La fin de la période reprend un autre effet d'assonance avec la répétition de quatre diphtongues ae. Il nous reste quelque 800 lettres, et une centaine des réponses qui lui ont été adressées. En 1947, Carcopino a tiré d'une analyse à charge de la correspondance de Cicéron un portrait extrêmement dépréciatif : feignant le désintéressement et l'intégrité mais obsédé par l'argent, dépensier et endetté pour satisfaire son goût du luxe, mouillé dans des montages financiers parfois douteux, capteur d'héritages, mauvais père, fantoche apeuré manipulé par les triumvirs, courtisan opportuniste avec les grands et médisant en privé, etc. La thèse de Roland Poncelet[104] inventorie les expressions et les procédés latins pour rendre les argumentaires grecs et traduit les difficultés et les solutions adoptées par Cicéron : par exemple, une difficulté à exprimer les raisonnements, reflétée par une surabondance de prépositions traduisant des relations concrètes de lieu (vers, en venant de, etc.) J.-C., et épouse peu après la jeune Publilia, sa pupille. Homme d'État, orateur prodigieux, théoricien de l'éloquence, mais aussi philosophe, Cicéron a été victime, aux yeux de la postérité, de tous ses dons ; il a été surtout victime du fait d'être devenu trop tôt, de son vivant même, un auteur « classique » et scolaire, faisant toujours un peu figure d'écrivain égaré dans la La philosophie naturelle recouvre la physique, c'est-à-dire les principes visibles et invisibles qui donnent forme, cohésion et vie à la matière. J.-C., prépare un coup d'État, dont Cicéron est informé par des fuites[note 6]. Cette correspondance, ainsi que les Discours, donnent aux historiens de nombreux témoignages sur divers aspects de la vie de l’époque, dont les activités financières et commerciales de la couche supérieure de la société formée par les sénateurs, les chevaliers, les banquiers et les grands commerçants (negociatores)[73]. Cicéron y analyse avec scepticisme les diverses formes de la divination comme les oracles et l’haruspicine étrusque. J.-C., Carnéade, Diogène et Critolaüs, ne comprennent aucun épicurien[95]. En -44, Cicéron exprime dans sa correspondance son désir d'écrire d'autres ouvrages historiques[A 50], et de valoriser ainsi le passé de Rome. On sait pour plusieurs discours, comme le Pro Milone, que Cicéron a remis en forme et publié son texte après le procès. De ces poésies, on ne possède que des fragments tirés d'auto-citations de Cicéron, dont un seul est de quelque étendue. J.-C. pour un proconsulat en Cilicie puis la guerre civile entre Jules César et les Républicains interrompent ces travaux rédactionnels[115].