Cette réflexion du jeune Napoléon Bonaparte résume bien la personnalité de l’enfant durant ses années de formation passées sur le territoire français. * Arthur Chuquet, La jeunesse de Napoléon, I. Brienne, Armand colin, Paris, 1897. La gallophobie de Napoléon ressort de toutes ses virgules, tout comme son dédain qu'il crache à la figure de ceux qui ne se rallient pas sans réserve à Paoli : « Mes compatriotes chargés de chaînes et qui baisent en tremblant la main qui les opprime ? Dans le pathos exaltant la patrie, Napoléon y passe en revue des héros corses (73), parvenus à régner « à force d'intrigues et d'assassinats » (74), et avec cet éclatant défilé, il brosse l'histoire de l'île. Elle est intemporelle. En quittant Bastia, prendre la D 80 en direction du Cap Corse. La corniche du Couchant (1h30) prend son point de départ à 1 km environ avant la tour de la Parata. Les inscriptions gravées ne font que renforcer cette quasi déification du personnage : « Napoléon Ier Empereur des Français 1804-1815 Nous l’avons vu gravir superbe les premiers échelons des Cieux ». Tout dévoué à ses études, il se cherche. Mais entre 1789 et 1790, le regard qu'il porte sur l'île prend une nouvelle couleur. Une bibliothèque spécialisée y est à la disposition des chercheurs. Un mois avant le début de la Révolution, le 12 juin 1789, il écrit à Paoli pour lui révéler son intention et lui dire ses craintes : « Quel que soit le succès de mon ouvrage, je sens qu'il soulèvera contre moi la nombreuse cohorte d'employés français qui gouvernent notre île et que j'attaque : mais qu'importe s'il y va de l'intérêt de la Patrie » (18). Aux premiers voyageurs de l’époque romantique succéda l’aristocratie anglaise. L’usage était que les proches parents, oncles, tantes, cousins germains ou grands-pères vinssent faire leur provision d’huile, lors de la récolte. Dans sa façon d'engager l'affrontement contre l'État, d'abord à Ajaccio et à Bastia en 1789, ensuite à Ajaccio le 25 juin 1790, Napoléon a agi selon la méthode qui suit les modalités propres à la vendetta. Barrin intime à Bonaparte l'ordre de quitter Bastia. Elle témoigne des nouvelles conceptions qui se firent jour en matière d’urbanisme à la fin du XVIIIe siècle et qui prônaient un rationalisme nouveau tout en s’inspirant des villes de l’Antiquité : goût des grandes artères, rues se coupant à angle droit, place carrée très dégagée pour les cérémonies et les fêtes, symétrie, etc. L'Assemblée déclare la Corse partie de l'Empire français. En fuyant l’île en 1793, Napoléon Bonaparte enterrait son rêve corse pour aller jouer son destin sur une autre scène. 1795 – 1815. Et d'une expérience douloureuse des êtres et des choses. Certes un petit buste de Napoléon en marbre accueille le visiteur à l’entrée mais c’est le mari d’Elisa, Felix Bacciochi né à Ajaccio en 1762, qui est ensuite évoqué à plusieurs reprises. Les jours du Corse « sont flétris par l'avidité […], le soupçon et l'ignorance de ceux qui au nom du Roi disposent des forces politiques » (79). Il se compose d’une statue équestre de Napoléon Ier en costume romain entourée des statues en pied de Joseph, Lucien, Louis et Jérôme montées sur un piédestal de granit rose. L’ingénieur Jacopo Frattini fut envoyé à Ajaccio afin d’ajouter à la citadelle un solide bastion du côté de la mer et un large fossé fut creusé ce qui la sépara de la ville. Elles vous permettront, tout comme l’ensemble des renseignements pratiques, de réaliser plus facilement cet itinéraire. De 1731 à 1774, elle servit d’église aux familles grecques chassées par les Corses de la région de Cargèse où Gènes les avait installées en 1610. Le point commun de tous ces Corses fut sans doute leur extrême fidélité à l’Empereur ; la plupart le suivirent d’ailleurs en exil et au soir de sa vie, Napoléon se souvint de nombre d’entre eux. Napoléon Bonaparte est baptisé dans cet édifice baroque tourné vers la mer en juillet 1771. La petite île n'a de la place que pour un héros. La chute de Paoli était proche. 18, bd Danielle Casanova Quelle que soit la perfection des institutions de ce dernier, rejetées au nom de l'indépendance, elles n'ont aucune chance d'être perçues comme une autorité unificatrice de la société locale, la seule force de l'unité sociale étant la haine de tous les Corses dressés contre un adversaire commun, l'État colonisateur. L’érection des tours s’accéléra au XVIe siècle et un plan de construction fut même établi le 25 juin 1593. Gênes, par exemple, qui aurait pollué la Corse de son esprit de faction et d'intrigue, de guerres incessantes des partis, des cabales, des familles, et du suprême « chef-d'oeuvre » de sa politique, à savoir « armer le fils contre le père, le neveu contre l'oncle, le frère contre le frère » (78). Napoléon y reste jusqu'au 13 février 1792, puis il se rend à Corte [Corti] , via Bocog… Un nouveau séjour en Corse débute pour Napoléon lors de son arrivée à Ajaccio le 1er octobre 1791. Il ne devait plus revoir son île « . En octobre 1796, quand les Français chassèrent les Anglais de Corse, la maison fut récupérée par les Bonaparte qui firent effectuer une série de travaux importants grâce aux indemnités reçues du Directoire. Souvent envahie, son identité a cependant résisté aux influences extérieures. C’est au premier abord par son golfe magnifique, souvent comparé à la baie de Naples, que s’exerce la séduction d’Ajaccio. * Francis Pomponi (sous la direction de), Mémorial des Corses, Mémorial des Corses, 1981-1982, 6 volumes. En effet, le château de la Punta fut édifié à partir des ruines des Tuileries incendiées le 23 mai 1871 lors de la Commune. Mais les représentations artistiques de Napoléon au XXe siècle sont si rares qu’il est intéressant de contempler celle-ci. Finalement, l’Institut des études ouvrit ses portes en 1847 et le musée en 1852, mais progressivement les salles de classe remplacèrent les galeries d’exposition. Situé près du col du Prato en pleine Castagniccia, le village de Morosaglia nous emmène à la rencontre du symbole de l’indépendance corse, Pascal Paoli. Il est fait mention dans cette première partie du musée du voyage de Mérimée en 1839 et aussi de l’excursion effectuée en 1887 par le prince Roland Bonaparte, président de la Société française d’anthropologie et membre de la Société des Traditions populaires. Que vous soyez un particulier ou une entreprise, vous pouvez bénéficier d'avantages fiscaux. Dans son texte, à coups de grandes envolées lyriques, Napoléon dénonce la corruption, la servitude des gouvernements, la langue de bois, les rapports truqués, les manipulations politiques des traîtres corses qui défendent les intérêts de la Cour en échange de pensions, décorations et autres faveurs.L'heure étant à l'alternance, Napoléon fait preuve de flair. L'on sent, sur ces pages, un effort désespéré de Napoléon de garder intactes ses mirages car il soupçonne la vérité mais n'ose l'avouer. A partir de 1729, quatre insurrections secouèrent l’île et malgré l’intervention de l’Autriche, une consulta (assemblée) réunie à Corte en 1735 proclama l’indépendance nationale. Charles de Buonaparte, tel qu’il se présentait lui-même après son ralliement à la France, était avocat au Conseil supérieur et assesseur de la juridiction royale d’Ajaccio. Le schisme entre les deux hommes prend la valeur d'un symbole. Ce plan fut remplacé par un autre réalisé, selon la légende, sous la direction même de Napoléon. » en ajoutant avec malice : « Nous n’avions pas de tapis dans nos maisons de Corse et encore moins en plein été qu’en hiver ». * Hyacinthe Yvia-Croce, Anthologie des écrivains corses, Cyrnos et Méditerranée, Ajaccio, 1987. Ce fut sa première action indépendante. Partagé entre corsitude et francisation, le jeune Napoléon quitte la Corse pour Brienne puis Paris où il apprend à s'intégrer à la société de son temps. Depuis, le château est inhabité et interdit à la visite même extérieure. Remanié entre 1820 et 1825, l’hôtel Pozzo di Borgo, aujourd’hui à l’état d’abandon, présente une belle façade ornée de trompe-l’oeil architecturaux et un portail d’entrée richement sculpté encadré de colonnes ioniennes. L'imaginaire attisé par la jeunesse ne pouvait qu'enflammer davantage son attachement pour la Corse et exalter l'audace de ces bandits/patriotes (53), nourris, aidés et protégés clandestinement par la population, menant au fond des bois une vie ardue de renoncement et d'abandon. Des milliers de livres avec la livraison chez vous en 1 jour ou en magasin avec -5% de réduction . * Prince Roland Bonaparte, Une excursion en Corse, 1891, rééd. Une statue du  » Père de la Patrie  » exécutée en 1901 par Alebert en marque le centre. * Louis Madelin, Histoire du Consulat et de l’Empire, 1.La jeunesse de Bonaparte, Tallandier, 1974. Corsica Imperiale - Napoléon III et la Corse (1851 - 1870) Mis en ligne le mercredi 03 juillet 2019 La mise en place du second Empire, permettant le retour d’un Bonaparte à la tête de l’Etat, constitue, sous divers aspects, un tournant majeur pour le devenir de la Corse, région périphérique mais hautement symbolique pour le régime impérial. 20000 Ajaccio Ici commence un itinéraire fléché et numéroté qui mène à tous les monuments intéressants de Corte. Ses expressions prennent des formes radicales. Sa stratégie politique ne sera pas négociée. C’est en effet de Calvi que la famille Bonaparte fuyant Ajaccio s’embarqua le 11 juin 1793 pour Toulon. En effet, ce village abrita Napoléon lors de sa fuite en 1793. Pour plus d'informations, gérer ou modifier les paramètres des cookies sur votre ordinateur, lisez notre Politique données personnelles. Agostino Giafferi, le chef de la révolte de la Crucetta réprimée férocement par Lucien Bonaparte et le général Casalta, y fut fusillé le 21 février 1798. Il notifia ainsi dans un codicille de son testament qu’il léguait 10 000F à Jean Vizzanova dans la maison duquel il avait trouvé asile et « 20 000F au brave habitant de la commune de Bocognano qui, en 1792 ou 1793, m’a ouvert la porte d’une maison où des brigands m’avaient enfermé et m’a escorté jusqu’à Occiani ».En 1880, après un voyage de deux mois en Corse, Maupassant écrivit une courte nouvelle intitulée Une page d’histoire inédite où il narre par le détail cet épisode rocambolesque de la jeunesse de l’Empereur. Il s’organisait autour de trois rues disposées en éventail : la strada del Domo (rue Forcioli-Conti), la strada San Carlo (rue du roi de Rome) et la strada dritta (rue Bonaparte) où se situait la porte d’entrée de la ville. Séparatiste, Paoli – considéré par l'Assemblée Nationale comme « le dictateur moral » des Corses (64) – avait souhaité l'indépendance de l'île. Il s’agit surtout des villages où des proches de l’Empereur virent le jour : Bisinchi du canton de Morosaglia où naquit l’abbé Ange Vignali (1784-1836) qui donna l’extrême onction à Napoléon, reçut son dernier soupir et conduisit la cérémonie funèbre à Sainte-Hélène ; Lama, lieu de naissance de Jean Noël Santini, fidèle qui suivit Napoléon en exil et finit sa vie comme gardien du tombeau de l’Empereur aux Invalides ; Morsiglia où se trouve encore la maison natale du Dr Antommarchi, médecin de Napoléon à Sainte-Hélène ; Bastelica où naquit Nunzio François Costa (1763-1832) qui participa à l’expédition de Sardaigne avec Bonaparte et qui aida Letizia et ses enfants à fuir Ajaccio. Sa nature profonde corse remontait à la surface pour lui inspirer tractations, arrangements et alliances lui permettant de ne pas quitter le devant de la scène. Omniprésente, la mer serait-elle, alors et toujours, un obstacle à l'ouverture de ses insulaires sur le monde ? Envoyé par son oncle Lucien à l’université de Corte pour y étudier le droit, Charles Bonaparte fut présenté au général Paoli qui fit bon accueil au jeune ajaccien. Pour Napoléon, elle était avant tout le conditionnement qui a défini le destin de son pays et accompagné le sien avec ses vagues et, surtout, avec ses îles : Corse, Grande-Bretagne, Elbe et Sainte-Hélène. Ou pour une citerne d'eau (85). Ayant choisi le rattachement à la France et nommé lieutenant-colonel de la Garde nationale Corse, le jeune homme s’opposa à plusieurs reprises aux forces paolistes mais jamais il ne réussit à se rendre maître de la citadelle. La narration exalte les souffrances des Corses et l'horreur de la France. Même s’il quitte Ajaccio à l’âge de neuf ans, effectue quelques séjours au début de l’âge adulte et ne revient pour la dernière fois qu’en 1799, de retour d’Egypte, il aime sa cité natale. « Quand la patrie n'est plus, un bon patriote doit mourir » (49). En fait, pressée par le temps, Letizia ne put effectivement parvenir jusqu’à sa chambre et c’est sur un canapé qu’elle accoucha de l’enfant – le canapé Louis XVI à chevets renversés qui est exposé dans la maison est très certainement postérieur à cette naissance. Elle est le fruit d'une lente et minutieuse élaboration. * Anna Maria Salone et Fausto Amalberri, La Corse. La visite de Corte débute au bout du cours Paoli, place du duc de Padoue. Il débute rue Saint-Charles devant leur maison familiale. Les murailles furent effectivement abattues ainsi que le bastion du Diamant mais la nouvelle idée fut d’esquisser les deux grands axes de la ville et de réaliser la place Bonaparte. Et lui-même reconnut plus tard qu’il n’avait pas assez œuvré pour son peuple : «J’ai été ingrat pour les Corses, je me le reproche, j’aurais dû faire davantage. Le Grand Hôtel Continental devenu le siège de la Collectivité territoriale de Corse offre un exemple parfait de cette  » Belle Epoque  » et nous transporte dans l’univers luxueux des palaces du début du siècle. Eric Anceau conteste, chiffres à l’appui, l’assertion selon laquelle il y aurait eu une sur-représentation des Corses au … Jusqu’au XVIIe siècle, on se sait pas où vécurent les Bonaparte. Cette autonomie concerne une unité ethnique qui résiste à tout envahisseur dans un élan de défense de la terre des ancêtres. Elle ne se composait alors que d’un simple castello, un donjon et une enceinte basse. Mais pour notre part, nous avons le bonheur de l’avoir obtenue de quelqu’un qui est notre compatriote et qui avec tant d’honneur et de gloire a vengé la patrie des outrages que presque toutes les nations lui avaient faits. Outre cet épisode célèbre, la citadelle fut le témoin d’un autre événement de l’histoire napoléonienne. Cette fresque pourtant réalisée par un artiste talentueux frappe par sa composition confuse et sa facture maladroite. Il déplie ses cartes routières et, un samedi de novembre 1789, arrive à Bastia – la capitale de la Corse à l'époque – afin de poursuivre sa mission de tribun. Pour des raisons de salubrité liées au paludisme, ce site fut abandonné au XVe siècle et, en 1492, le promontoire rocheux du capo di Bollo sur la pointe de la Leccia fut choisi pour l’implantation d’une ville nouvelle. Parti, en 1793, avec perte et fracas, il n’en oubliera pourtant pas son sol natal sous le Consulat et l’Empire. La présence des Bonaparte à Ajaccio est attestée depuis la fin du XVe siècle. D'une page à l'autre, il déroule l'écheveau de ses exaltations. Un enthousiasme solaire contre les ténèbres de la dictature. Cet épisode tragique survenu à la veille de sa naissance influença fortement l’engagement politique de Bonaparte jeune homme :  » Je naquis quand la patrie périssait. Totalement investi dans l'action, obéissant à un mystérieux appel que rien ni personne ne pouvait étouffer, il a entamé son périple vers les étoiles. En Corse, on appelle cela « la lutte des envies ». * Lorenzi de Bradi, La vrai figure de Bonaparte en Corse, Ernest Flammarion, (1926). Le ton est donné. * Philippe Perfettini, Guide Napoléon. * Alexis Ponson du Terrail, Les Bandits, 1852, La Marge Editions, 1992. » (26). Ses nouveaux enthousiasmes politiques lui interdiront toute voie médiane. En tant que place forte, la citadelle fut le témoin de tous ces événements. Les grandes demeures de Corse Il propage les idées révolutionnaires, se détermine à tirer les Ajacciens de leur marasme politique, les engage à prendre la cocarde tricolore, ouvre un club, met en place la garde nationale. « Il ne faut pas penser à me procurer des tableaux médiocres, écrivait-il à son fondé de pouvoir romain, il faut du beau et du bon, ou rien ». Napoléon retrouve sa Corse natale le 15 septembre 1786 (54). A mi chemin entre Ajaccio et Corte, notre prochain circuit, le chef-lieu du canton de Celavo-Mezzana, Bocognagno, mérite un arrêt. Il en a fait la promesse à l'abbé Raynal. Perdu plusieurs fois. La place Saint-Nicolas est aujourd’hui un lieu de promenade et de rencontre pour tous les Bastiais. Tout ce qu’il combattait étant jeune. Il devrait cependant rouvrir rapidement (renseignements au 04 95 31 09 12). L’aile droite du palais Fesch fut ainsi commandée pour abriter la chapelle funéraire des Bonaparte. Or, cet enthousiasme ne réussira pas à ébranler le passéisme des Corses ancrés dans la décadence de leur vie clanique, avec ses confuses passions nationalistes, ses intrigues de clocher, ses crispations de fanatisme politique fruste.